mardi 7 janvier 2014

L'infante d’Espagne inculpée de fraude fiscale et blanchiment d'argent

Alors que la popularité de la famille royale est au plus bas, l'infante Cristina a été formellement inculpée de fraude fiscale et blanchiment d'argent. Elle et son époux Iñaki Urdangarin font l’objet d’une enquête de corruption depuis des années.

Entre les scandales de corruption, la mauvaise popularité de la famille royale et la santé fragile du souverain, l’année démarre sous de mauvais auspices pour la monarchie espagnole. Mardi 7 janvier, l'infante Cristina, fille du roi Juan Carlos d'Espagne, a été inculpée de fraude fiscale et blanchiment de capitaux présumés.

À l'issue d’une vaste enquête débutée en 2010, le juge José Castro, magistrat à Palma de Majorque, a annoncé dans une ordonnance de 200 pages que des éléments mettaient en cause Cristina. Celle-ci est convoquée au tribunal de Palma le 8 mars prochain, rapporte le quotidien “El Pais”.

Au printemps 2012, le juge avait mis en examen une première fois l'infante, à l'époque pour trafic d'influence, mais cette décision avait été annulée suite à un recours du Parquet qui avait jugé les indices insuffisants.

La popularité de la monarchie en berne

Cette nouvelle inculpation arrive au pire moment pour le roi Juan Carlos, qui a fêté dimanche ses 76 ans puis est apparu lundi lors d'une cérémonie militaire, visiblement fatigué et appuyé sur des béquilles, pour la première fois en public depuis une opération de la hanche le 21 novembre.

En plus de ses ennuis de santé, le monarque doit composer avec une popularité désastreuse à en juger par un nouveau sondage publié, dimanche, par le quotidien de centre droit “El Mundo” : 62% des Espagnols souhaitent désormais qu'il abdique et à peine un sur deux (49,9%) soutient aujourd'hui la monarchie, soit une chute de cinq points au cours des 12 derniers mois.

Tous les espoirs de voir l’image de la monarchie s’améliorer reposent désormais sur le prince Felipe âgé de 45 ans : 66% des personnes interrogées ont une opinion "bonne ou très bonne" de l'héritier de la Couronne et 57% pensent qu'il serait à même de redorer l'image de la monarchie.

Le mari de Cristina également impliqué

À l’origine, l’enquête contre Cristina, 48 ans, visait son époux, Iñaki Urdangarin, un ancien champion olympique. Reconverti dans les affaires, il est soupçonné de détournement d'argent public par le biais de sa fondation Noos, qui a décroché des contrats publics pour l'organisation de conférences sur le sport et l'économie. Le montant de la fraude présumée s’élève à 6,1 millions d’euros.

Réputé intègre et obstiné, le juge Castro, après avoir inculpé Iñaki Urdangarin, a ouvert un nouveau volet de l'enquête, cherchant à établir si la fille du roi avait des liens avec les activités frauduleuses présumées de son époux. Il a minutieusement épluché les déclarations d'impôts et comptes bancaires de l'infante, scrutant ses moindres dépenses pour des voyages, des repas au restaurant ou des fêtes de famille. Membre, un temps, du comité de direction de la fondation Noos, Cristina pourrait s’être servie de la firme Aizoon - qu’elle détient pour moitié avec son mari - comme société écran pour couvrir ses activités frauduleuses.

Depuis que le scandale a éclaté, Iñaki Urdangarin a été mis à l'écart des activités officielles de la famille royale, dont l’image a été sérieusement écornée. L'infante, quant à elle, a déménagé en Suisse en 2013, où elle travaille pour la fondation sociale La Caixa, tandis que son époux vit toujours en Espagne.

Un procès d'un membre de la famille royale serait sans précédent en Espagne depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle à la fin des années 1970.


france24

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